Le processus de décolonisation du Cameroun fut particulièrement sanglant dans certaines régions du pays notamment l’ouest. Ici, plusieurs nationalistes s’opposèrent fermement à l’autorité coloniale puis néocoloniale de 1955 à 1971. Parmi ces insurgés, Singap Martin, Momo Paul, Ouandié Ernest, Ndeléné Jérémie en sont les plus illustres. L’auteur montre dans cet ouvrage que ces anticolonialistes impénitents exploitèrent certains facteurs politiques et socio-économiques pour susciter l’adhésion massive d’une population opprimée à l’idéologie upéciste. Ainsi, lors de la création du SDNK en 1957, une majeure partie de la population était favorable au départ immédiat des colons et à l’insurrection. Il s’en est suivi un embrasement général de la région à cause de l’affrontement armé entre les troupes coloniales et les insurgés qui s’attaquèrent aux collaborateurs de l’administration coloniale et à certaines infrastructures.
Cependant, de nombreuses dissensions divisèrent les leaders nationalistes et firent naître des luttes intestines au sein d’un mouvement ardemment combattu par l’administration. En mai 1959, la direction de l’UPC en exil créa un second organisme paramilitaire appelé ALNK en vue d’unifier toutes les forces combattantes. À la différence des autres organismes paramilitaires qui eurent une existence éphémère, l’ALNK connut une certaine longévité et s’étendit sur l’ensemble du Cameroun méridional. Elle intensifia la lutte armée jusqu’à l’avènement de l’accalmie de mars 1960 au cours de laquelle plusieurs tentatives de réconciliation entre les factions rivales de l’ALNK d’une part et entre l’administration et les insurgés d’autre part furent engagées.
La rupture de ces négociations entraîna la deuxième phase du cycle rébellion – répression qui fut plus violente. C’est au cours de cette seconde phase que plusieurs leaders upécistes trouvèrent la mort. Rentré au Cameroun en juillet 1961, Ouandié Ernest prit la direction de l’ALNK et la restructura afin de la rendre plus efficace, mais lasse des combats interminables, la population dont les activités furent profondément perturbées durant une décennie de lutte ôta son soutien à l’ALNK qui agonisait devant l’armée régulière déterminée la décapiter. L’arrestation et l’exécution d’Ouandié le 15 janvier 1971 mirent fin à la lutte armée de l’UPC en pays bamiléké en particulier et au Cameroun en général.
Préface du Professeur Jean Koufan Menkéné