pp. : 9-10 |
Editorial |
Pr Daniel Abwa |
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pp. : 11-33 |
Intronisation et prestation de serment en Égypte pharaonique et chez certains peuples bantou du Cameroun : une analyse de la conception et de la finalité du pouvoir en négroculture |
Ferdinand Paul Enoka |
L’intronisation et la prestation de serment sont des moments cruciaux de la dévolution du pouvoir et de la prise d’engagement à servir le peuple. À travers ces deux moments qui marquent la prise effective du pouvoir par le Pharaon, on peut dégager la conception et la finalité du pouvoir en négroculture. Dans la pratique, ces deux rites avaient pour but d’amener les souverains à gouverner conformément à l’engagement solennel qu’ils avaient pris. Cette étude a pris pour exemples quelques peuples bantous du Cameroun (Banen, Bamum, Douala, Beti). Au vu de la pauvreté des sources écrites sur la question et les limites de la tradition orale, nous avons eu recours à l’égyptologie afin non seulement d’établir l’historicité de ces pratiques, mais aussi de faire ressortir le continuum culturel qui existe entre l’ancienne Égypte et les peuples de l’Afrique noire moderne. Au final, ce texte va montrer comment se déroulait la dévolution du pouvoir en Afrique noire ancienne d’une part, et ressortir la finalité de ce pouvoir d’autre part. L’objectif de l’étude est de démontrer que les différents rites passés entre celui qui accède au pouvoir et les forces de la nature engagent sa vie et justifient, par là même, la véritable finalité du pouvoir dans l’Afrique noire ancienne. |
pp. : 35-57 |
Les rites de purification, de réconciliation et d’intégration comme valeurs de protection de la personne humaine chez les Fᴐn et apparentés du Sud-Bénin : des origines au XXIe siècle |
Patrick Joël Adjivessodé |
Dans la plupart des sociétés béninoises, la réglementation traditionnelle a prescrit des interdits qui sont souvent transgressés. La coutume a prévu des mesures de rachat pouvant permettre au transgresseur de renouer alliance avec sa communauté. Ces rites ne sont-ils pas des actes de protection de la personne humaine ? Cette étude se propose d’analyser la portée humaniste des rites de réconciliation et d’intégration chez les Fᴐn et apparentés du Sud-Bénin et leur érosion au contact de la culture occidentale. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie qui allie recherche documentaire, enquête de terrain et analyse des données a été adoptée. Celui qui a violé un interdit a brisé l’ordre social ; il a commis un acte qui requiert réparation pour son bien et celui de sa communauté. La coutume a prévu des dispositions pour retisser les relations compromises par celui qui a brisé cette paix en violant un interdit. Les mesures de rachat cachent l’expression d’une solidarité tacite avec le fautif, l’expression d’un refus du rejet automatique de ce dernier, preuve du respect de la nature sacrée de l’homme et de sa perfectibilité. Les valeurs protectrices de la personne humaine dont regorgent ces rites leur ont permis de s’enraciner pour résister à l’invasion de la culture européenne au cours des périodes coloniale et postcoloniale. |
pp. : 59-85 |
Les migrations commerciales (1840-1887) : incidences sur le peuplement ancien de l’actuelle région du Sud au Cameroun |
Alphonse Kisito Bouh Ma Sitna |
D’après les témoignages des Européens présents sur la côte de Kribi, de 1840 à 1886, seuls les Batanga de la côte et les Benë de la forêt habitaient la région actuelle du Sud au Cameroun avant 1887. Pendant cette dernière année marquant le début des expéditions allemandes dans l’hinterland, de nouveaux groupes furent découverts. Curieusement, ils étaient presque tous indirectement impliqués dans le commerce sur la côte de Kribi avec les Européens. Quel fut l’effet de ces échanges sur le peuplement de ladite région avant 1887 ? La lecture croisée des sources écrites, orales et électroniques disponibles et l’exploitation de la nouvelle historiographie africaine laissent penser que les ethnies découvertes par les Allemands en 1887 vivaient déjà au Sud-Cameroun avant 1840, à l’exception des Bulu. Invités par les Ntumu pour supplanter les Fang, Mbvumbo, Benë et Batanga, principaux bénéficiaires des échanges sur la côte de Kribi, ils abandonnèrent la savane de la Haute-Sanaga pour la région du Sud. En chemin, ils provoquèrent un véritable phénomène de disruption, repoussant vers l’Est les peuples Makaa, So, Bikélé et Koozimé jadis établis entre les localités de Minlaaba, Sangmélima et Djoum. À l’arrivée, ils envahirent les terres des peuples Fang et Mbvumbo entre Sangmélima, Ebolowa et Akom 2. En déstabilisant les Mbvumbo, principaux chasseurs d’éléphants de la région, les Bulu mirent fin à la traite de l’ivoire sur la côte de Kribi et y instaurèrent celle de l’hévéa. |
pp. : 87-114 |
L’octroi du statut de citoyen français aux collaborateurs loyaux : une arme politique au Cameroun sous administration française (1930-1960) |
Alvine Henriette Assembe Ndi |
Cette étude ausculte le problème de la citoyenneté des habitants du Cameroun français. Au travers du systémisme et de la biopolitique de Michel Foucault, on cerne la gestion de la citoyenneté dans ce territoire pour les intérêts de la France. En effet, la question du statut de la citoyenneté au Cameroun sous administration française était une équation complexe dont la solution avait été à géométrie variable. Malgré son statut de territoire sous mandat B, le Cameroun sous administration française, cadre spatial de cette réflexion, fut administré par le droit colonial français. De ce fait, il était normal que le droit d’accéder à la citoyenneté française – élément d’élévation du sujet colonisé – fût aligné sur celui des colonies de l’AEF, de l’AOF ou d’Indochine. Or, l’identité juridique du Cameroun s’avéra être un frein à l’application générale de cette norme. Paradoxalement, la citoyenneté française fut octroyée à certains administrés camerounais en raison de leur francophilie avérée. Cette attitude s’explique par la stratégie française de fabrique de collaborateurs autochtones loyaux et redevables envers la métropole. |
pp. : 115-134 |
Trajectoire opérative des renseignements coloniaux orientés vers la colonie de Guinée Espagnole : de l’aveuglement à l’interopérabilité (1938-1945) |
Fachikain Kouotou Awa et Saliou Abba |
La présente étude est une rétrospective sur l’intense manœuvre sécuritaire conjointement menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis d’Amérique contre l’extension du périmètre d’action du 2e Bureau de l’État-Major de l’Allemagne Nazie dans le golfe de Guinée. La colonie de Guinée Espagnole, tête de pont de la présence allemande dans cette zone stratégique, sera, pendant la toute la période de l’entre-deux-guerres, au centre des convoitises du Troisième Reich et des alliés en raison de son caractère insulo-continental et de sa proximité géographique avec les anciennes possessions coloniales allemandes perdues lors de la Guerre 1914-1918. Revenir sur cette trame historique invite à s’interroger sur le déploiement des différentes composantes sécuritaires américano-franco-britanniques, leur opérationnalisation et leurs interactions dans le cadre des opérations orientées vers la colonie de Guinée Espagnole. Comportant essentiellement des notes et des rapports de renseignements déclassifiés et des ouvrages historiographiques spécialisés, cette réflexion, appréhendée sous la perspective de l’Intelligence Studies, démontre que, afin de pallier les défaillances opérationnelles en matière de renseignement, la coordination intercoloniale va être restructurée autour d’un système comprenant les antennes de renseignement alliées, le réseau diplomatique, la communauté basque résidant en Guinée Espagnole et les troupes stationnées dans les colonies ouest-africaines et dans les territoires placés sous mandat de la Société des Nations. |
pp. : 135-164 |
Socio-economic Foundations of Vulnerability among Local Cocoa Farmers in Bombe-Bakundu (Cameroon), 1947-2016 |
Nixon Kahjum Takor |
Economic vulnerability could be expressed in the ways people and communities structure their livelihoods. It might as well be engendered by crisis (human or natural) scenarios and other exogenous forces. Whatever shape vulnerability takes, it is usually associated with limited cost-effective control of available and accessible opportunities. It is in this context that the paper examines the extent to which some socio-economic practices perpetuated economic vulnerability among local cocoa farmers in Bombe-Bakundu, one of Cameroon’s cocoa chief-producing localities from 1947 to 2016. The study is motivated primarily by the consistent mismatch between the economic stability of the farmers and the potentials provided by their natural endowment. The paper, from this perspective, asserts that certain practices embedded in the customs and traditions of the people like marriage, birth, funeral, initiation rites and profligate consumption have been impulses that have presaged poor economic practices resulting in their unrelenting economic vulnerability. The study is based on oral and secondary sources. The data has been interpreted following the qualitative approach and presented thematically. |
pp. : 165-181 |
‘Nigerianization’ of the Cameroon-Nigeria Borderland Economy 1961-1994: Historical Evidence of the Eyumojock Borderland |
Raphael Achou Etta |
It is conventional wisdom that cross-border relations sustain integrative forces beyond the influence of national governments. This is evident in Cameroon and Nigeria’s cross-border economy which registers diverse economic and social fluxes. However, instead of talking about economic cooperation in a win-win formula, we find a paradigm of competition with an inclining advantage, especially in Nigeria. This paper re-explores the nature and mode of economic relations between Cameroon and Nigeria from 1961 to 1994 with a view of tracing why the Nigerian economy maintained an elbowing influence over the communities with which it shares territorial limits in the Eyumojock borderlands of South West Region of Cameroon. It is argued here that the mode of border management during the colonial period and the absence of a government policy on border development, especially after independence, coupled with other factors, gave space to commercial colonization which made the margins of the state of Cameroon enmeshed in the Nigerian economy. The paper further concludes that the situation, which lasted for some decades, was later overturned with the indigenes emerging and taking control of their economy. |
pp. : 183-210 |
L’élaeiculture et le marché de l’huile de palme au Cameroun (1968-2011) |
Liliane Nadège Nyoungou et Jean Baptiste Nzogue |
Au Cameroun, l’huile de palme contribue à la satisfaction des besoins sociaux, culturels et industriels. Après l’accession du Cameroun à l’indépendance, le gouvernement a entrepris le développement de cette filière en construisant des industries et en développant des palmeraies villageoises de 1970 à 1980 avec l’appui du Fonds National de Développement Rural (FONADER) créé en 1973. Le secteur artisanal, à cause de la crise économique des années 1980, de la faillite du FONADER en 1990 et de la fin du programme de plantations encadrées, a connu l’engouement des élites. Cependant, malgré le ton donné par l’État au lendemain de l’indépendance et l’arrivée de nouveaux producteurs, le Cameroun connaît toujours un déficit en huile de palme, ce qui le contraint aux importations massives. Il est donc question de mettre en évidence l’importance de cette filière pour le développement économique du Cameroun. Notre démarche méthodologique repose sur l’exploitation des ressources documentaires éditées et inédites auxquelles nous allions des témoignages oraux nécessaires, surtout, à l’actualisation de notre analyse. Il apparaît que les attentes placées par le gouvernement du jeune État indépendant sur l’élaeiculture ont été annihilées par la crise économique et un mauvais encadrement de la paysannerie. Et depuis lors, il n’y a plus eu une volonté politique manifeste visant à redynamiser ce secteur. D’où l’extraversion du marché de l’huile de palme et la dépendance du Cameroun vis-à-vis de l’extérieur. |
pp. : 211-234 |
Croissance démographique et coopération allemande en matière de population au Burkina Faso (1991-2017) |
Salif Kiendrebeogo |
Le Burkina Faso, pays tributaire des ressources extérieures avec une démographie galopante, paraît un bon cas d’école pour appréhender les tentatives de maîtrise de la démographie par le biais de la coopération. La thématique de la coopération en lien avec la démographie a fait l’objet de recherches dans plusieurs disciplines. Toutefois, la dimension historique est très peu prise en compte. L’objet de cette contribution est d’interroger les actions des politiques publiques appuyées par la coopération allemande et leurs impacts sur la maîtrise de la démographie au Burkina Faso de 1991 à 2017. L’étude s’appuie sur plusieurs sources d’information, dont les sources orales, les sources écrites et internet. À travers une analyse qualitative du contenu de ces sources, l’étude a permis de retenir que la population burkinabé a pratiquement doublé de 1991 à 2015 passant de 9 191 000 à 18 450 368. Devant cette croissance, les politiques publiques appuyées par les bailleurs de fonds ont tenté de gérer la variable population en agissant sur la population et la santé de la reproduction. Ainsi, l’Allemagne a financé à travers le KfW de nombreuses actions au Burkina Faso qui influent sur la croissance démographique. Il s’agit, entre autres, des programmes de promotion de la santé sexuelle et reproductive et des droits en la matière participant au recul de la natalité. Ces actions ont eu un impact sur les variables démographiques, dont les taux de natalité, de mortalité et de croissance, des éléments qui induisent un impact sur les plans socio-sanitaire, politique et économique. |
pp. : 235-257 |
Les politiques publiques locales de gestion de l’eau potable au Cameroun : bilan et leçons d’une expérience de coopération décentralisée et d’intercommunalité dans le département du Mbam et Inoubou (2000-2020) |
Bertrand Iguigui |
La présente étude montre comment la coopération décentralisée et l’intercommunalité ont contribué à la résolution du problème d’accès à l’eau potable dans les communes du Mbam et Inoubou au Cameroun. En contexte d’accélération de la décentralisation territoriale au Cameroun, l’eau constitue un enjeu majeur des politiques publiques locales dans la mesure où elle fait partie des compétences qui ont été transférées aux collectivités territoriales décentralisées (CTD). L’expérience du Syndicat des Communes du Mbam et Inoubou est digne d’intérêt. Elle permet de questionner l’effectivité de la décentralisation à travers la pertinence et l’efficacité des solutions apportées au problème d’accès à l’eau potable dans le cadre des politiques publiques locales. L’étude s’appuie sur deux théories : la théorie des systèmes et la théorie du don et du contre-don qui permettent de comprendre les dynamiques interactives entre l’État et les CTD et d’évaluer l’implication et la réciprocité des communes camerounaises dans la coopération décentralisée et l’intercommunalité. La démarche qualitative de cette étude a permis de comprendre et d’évaluer la pertinence des initiatives de coopération décentralisée et d’intercommunalité dans la résolution des problèmes d’accès à l’eau potable à travers les projets implémentés. L’analyse des différentes sources exploitées révèle que, grâce à la coopération décentralisée et à l’intercommunalité, une véritable politique publique locale de gestion de l’eau potable a émergé dans le département du Mbam et Inoubou à travers de nombreux projets conçus et mis en œuvre. |
pp. : 259-277 |
Credit Union Expansion into Erstwhile East Cameroon, 2000-2020: A Stretch Beyond the Elbow |
Tifor Donald Mayuka |
Credit unions are microfinance structures created to pool and mutualize financial resources for the benefit of their members. In Cameroon, it took roots with this humble agenda in the Bamenda Grassfields polity of Njinikom and rapidly gained prominence in the chief towns of the contemporary North West Region. Credit unions became popular in due course in other parts of Cameroon. With the rapid growth of the microfinance sector and increase in membership, these microfinance institutions (MFIs) embraced expansion as an important vehicle for delivering loans and other services to the low-income earner. It is in this context that the paper examines the basis and poles of Credit union expansion in erstwhile East Cameroon. The paper made use of qualitative historical analysis developed from primary and secondary sources, which were analyzed qualitatively. The study reveals that, in an effort to achieve sustainability and cover their operating costs, credit unions embarked on the expansion of their services from Bamenda Grassfields to former East Cameroon. The research also discloses that credit unions’ expansion was also embedded in the diversification of the scope of services that they offered to members and the public. This drive, however, reinforced the capitalist drive that was rife in the credit union’s philosophy. |
pp. : 279-285 |
Quelle histoire enseigne-t-on aujourd’hui à nos enfants au Cameroun ? |
Daniel Abwa |
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