Ngoa-Ekelle est une revue à parution semestrielle du Laboratoire d’Études Politiques et des Relations Internationales (LAEPORI) de la spécialisation Histoire politique et des Relations Internationales du Département d’Histoire de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun. C’est une revue pluridisciplinaire dont les articles portent sur l’histoire politique, les relations internationales, la sociologie politique, les études géopolitiques et géostratégiques. Elle est dotée d’un comité scientifique international, de lecture et de rédaction, avec des procédures d’évaluation en double aveugle. Les articles publiés en français ou en anglais doivent être des travaux de recherche, d’expérimentation à résultats originaux.
Revue Ngoa-Ekelle
Ngoa-Ekelle. Revue du REPRI. Volume 1
7.500 Fcfa
Réseau d’Études Politiques et des Relations Internationales (REPRI) – ex-LAEPORI
ISSN : 2959-3476
Parution: Avril 2023
Sommaire du volume
pp. : 7-10 | Introduction | ||
pp. : 11-44 | Crise des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun : essai d’analyse et perspectives | Edouard Bokagne Betobo | La crise des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest commença en novembre 2016 sur de profondes racines dans l’histoire politique et sociale du Cameroun. Sa série d’événements participe de l’histoire récente. Elle aide à camper comment, à partir d’une trame résolument historique, le Cameroun est entré dans une crise sociologique. Deux éléments centraux apparaissent comme les éléments conducteurs du processus : une prémisse historique cachée dans la matrice politique de ce pays et de malheureux avatars dans le processus éducatif de la composante d’expression anglaise du Cameroun. À cela s’est superposée une gestion calamiteuse de la crise à son déclenchement. À l’aide d’une déconstruction diachronique, cet article se propose de revisiter ce moment tragique de l’histoire récente du Cameroun. Il vise à comprendre par quels mécanismes historiques on est entré dans la zone de troubles, à partir d’une incidence purement syndicale. |
pp. : 45-64 | Réseaux sociaux et propagation de la violence au Cameroun : analyse par quelques images véhiculantes | Virginie Wanyaka Bonguen O. & Charles Bidimé Epopa | Le Cameroun depuis son accession à l’indépendance a connu une multitude de guerres non conventionnelles. La violence, qui reste un phénomène inhérent à toutes les sociétés humaines, n’avait cependant pas, toute proportion gardée, atteint la propension qu’on lui connaît aujourd’hui. Est-ce du fait de l’apparition d’Internet qui propulsera et densifiera ce mal quant aux images véhiculées çà et là ? Cette étude va d’une observation et se veut une sonnette d’alarme quant à la manière d’utiliser le Net. Certains réseaux sociaux sortent parfois de leurs cadres en diffusant images et messages visant la division et un sentiment de repli identitaire. Dans l’élaboration, nous comptons présenter premièrement le cheminement de la violence vers un nouvel âge à l’ère des Réseaux Sociaux ; ensuite, nous montrerons à travers l’iconographie les effets de la propagation de la violence par les Réseaux Sociaux sur la culture d’un état de droit ; et enfin, nous avons formulé quelques remarques destinées à une réappropriation non violente des Réseaux. |
pp. : 65-81 | Ahmadou Ahidjo’s Economic Policies and the Sustainable Development of Cameroon 1960-1982 | Kimah Comfort Sjinkwe | This study examines how immediately after the independence and reunification of Cameroon in 1960 and 1961 respectively, President Ahmadou Ahidjo wanted rapid development in the economy notably in the domain of agriculture and livestock sectors. The study posits that effective realisation was facilitated through the implementation of the first, second and third Five Year Economic Development Plans which spanned from 1960-1976 respectively. However, it was within this framework that the Production and Productivity plan emerged which led to the creation of a series of state-owned corporations in the early 1970s such as the: Sociéte pour le Développement des Production Animales (SODEPA), Upper Nun Valley Development Authority (UNVDA), Wum Area Development Authority (WADA), Priority Integrated Development Zones (PIDZ), Nkam Development Authority (SODENKAM) and Ombessa Area Development Authority (OADA). The paper sustains the argument that despite all efforts put in place by President Ahmadou Ahidjo to foster socioeconomic development, alleged mismanagement and corruption practises have contributed to bringing under development, thus failure in achieving its objectives. This explains why most of these corporations were liquidated especially with the advent of the economic crisis in the 1980s. However, the argument raised in this paper was collated from both primary and secondary sources interpreted qualitatively and quantitatively. Therefore, the result of the study reveals how the laxity especially on the part of the government of Cameroon and other stake holders in their strife to follow up the evolution of the activities of these corporations has ushered in the ability to effectively attain sustainable development under president Ahmadou’s development agenda. Thus, there is a dire need for effective monitoring, close supervision and auditing of records to ensure smooth functioning. |
pp. : 83-103 | Football africain et dynamiques politiques : une analyse historique à partir de son développement à l’éclosion d’une diplomatie sportive | Romuald Francis Mvo’o | Il est coutume de dire sur la base d’une observation que le football est un sport roi en Afrique. Ce fait se vérifie d’ailleurs avec l’enthousiasme et la joie que cette discipline procure à tout le monde en général et à l’Afrique en particulier. Le présent article voudrait, sur la base d’une analyse historique à partir de son développement à l’éclosion d’une diplomatie sportive, présenter le football africain et ses dynamiques politiques. Il revient à cette recherche de présenter le football comme un élément de la politique internationale tout en montrant ses origines, son importance pour la diplomatie culturelle et ses pratiques. La méthodologie de cet article s’appuie sur une démarche synchronique et valide une approche constructiviste à partir de laquelle on observe le jeu des acteurs. L’interdépendance scientifique est utile dans la compréhension des faits. À la lumière des documents d’archives, de témoignages oraux et d’autres sources d’informations, la présente contribution se fixe pour objectif d’analyser sous le prisme historique les dynamiques politiques du football africain à partir de son développement à l’éclosion d’une diplomatie sportive. |
pp. : 105-127 | Complexité et controverses de la coopération internationale dans les administrations publiques au Cameroun (1962-2012) | Roger Dieudonné Mvogo | Au sortir des indépendances des pays d’Afrique subsaharienne, la nécessité de moderniser les administrations publiques en vue d’assurer l’effectivité de l’autonomie et la souveraineté des États se pose avec acuité. Face à cette urgente et impérieuse interpellation, des efforts sont déployés, notamment par l’Administration Publique Camerounaise (APC). Cela l’est avec l’aide des partenaires bilatéraux et multilatéraux. L’objectif de cette option administrative de sortir du poids des systèmes d’administration hérités de la colonisation et bien d’autres facteurs s’est révélé considérable dans les réformes implémentées du fait de la complexité des concepts, des principes de management et de gestion acquis, ainsi que des controverses de cette coopération internationale. Plusieurs sources d’archives écrites et orales ont été exploitées et les théories de la négociation, du réalisme et de la dépendance ont été utilisées pour mettre en exergue la dynamique de cette coopération internationale. Ceci à travers notamment l’histoire de l’établissement des liens de la coopération entre l’APC et ses partenaires internationaux, le poids de la complexité des concepts et des principes modernes transmis à l’APC, ainsi que les nombreuses controverses de cette coopération internationale dans l’œuvre de modernisation amorcée. |
pp. : 129-148 | Mondialisation de la Covid-19 et discours institutionnel des parlementaires camerounais : enjeux et perspectives pour une gouvernance démocratique des crises | Jean Daniel Nebeu & Ngwayi Bongfen Ntobo | Assurément, la communauté humaine a déjà été confrontée à plusieurs reprises à des épreuves mortifères sidérantes de toute sorte. Cependant, depuis le début du XXIe siècle, les défis de la mondialisation dans le contexte actuel se font encore persistants tels que le réchauffement climatique, la cyber-guerre, l’islamisme, le terrorisme, le néocolonialisme, etc. Et, le monde ne s’en sortira guère au plus vite au regard de la malheureuse spirale au sein de laquelle s’est inscrite la Covid-19 avec un taux de létalité effrayant, ce qui par conséquent a été reconnu le 11 mars 2020 de pandémie mondiale par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En fait, la crise sanitaire du coronavirus et ses répercutions au Cameroun à travers l’agir des élus du peuple, constitue le substrat de ce travail. L’objectif est plus scientifique et se veut un cadre essentiellement théorique d’exhortation au parlementarisme rationalisé au Cameroun face à la planétarisation des crises surtout celle de la Covid-19 qu’a connue le monde. Cette réflexion s’inscrit sur la démarche objective dans la perspective d’établir le rapport entre la crise sanitaire du coronavirus et le discours institutionnel des parlementaires qui a dévoilé les difficultés d’affirmation qu’éprouvent les représentants du peuple face aux différentes crises que traverse le Cameroun depuis des décennies. |
pp. : 149-174 | Les acteurs politiques et leur apport dans le développement du Mbam de 1946 à 1960 : cas des parlementaires | Hermann Bahoken Bekona | La question de la contribution des parlementaires au développement du pays n’a cessé de susciter plusieurs débats au Cameroun. Les textes régissant le Parlement depuis sa mise en service au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale ont connu une variation en fonction des contextes et des dirigeants du territoire. Ainsi, en dépit de ces textes et des mécanismes dus à son implémentation au Cameroun en général et dans la région du Mbam en particulier, quelle est la contribution des parlementaires du Mbam au développement de leur région de 1946 à 1960 ? Ayant adopté l’approche diachronique, nous avons d’abord présenté le profil des personnalités qui ont reçu mandat des populations du Mbam, ensuite, ressorti leurs activités menées en faveur du développement de la région. Cependant, nonobstant les quelques améliorations apportées par ces parlementaires, on peut noter que beaucoup restent encore à faire afin que cette région puisse être véritablement développée. Car les parlementaires seuls n’y parviendront pas. |
pp. : 175-198 | La politique gabonaise d’immigration des travailleurs africains : entre flux et reflux migratoires, 1960-1981 | Pierre Romuald Bapia Ba Ndja | Cendrillon de l’Afrique Équatoriale Française (AEF), l’économie gabonaise souffrait, au lendemain des indépendances, d’un déséquilibre structurel au triple plan spatial, économique et social. Les autorités gabonaises voulurent profiter d’une conjoncture économique favorable pour poursuivre l’intégration d’une économie rudimentaire, géographiquement fragmentée et totalement orientée vers l’extérieur. Le présent article examine les déterminants de la politique gabonaise d’immigration des travailleurs africains. Il est traversé par une question centrale : comment est-ce que le nationalisme économique a structuré les politiques publiques d’immigration au Gabon ? Cette étude croise les approches qualitative, quantitative et diachronique. Compte tenu de la pénurie de la main-d’œuvre locale, le gouvernement gabonais lança un appel à la solidarité africaine, du fait de ses relations privilégiées avec les États membres de l’Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM), de l’Union Douanière et Économique de l’Afrique Centrale (UDEAC), signataires de la charte de l’Union Africaine et Malgache (UAM). Le Gabon est donc devenu un pays d’immigration sous la contrainte. Il a importé une main-d’œuvre étrangère, notamment africaine, selon les critères ethniques, médicaux, moraux, professionnels, etc. Cette politique d’immigration sélective et conjoncturelle devait donc jouer un rôle structurel majeur : corriger les distorsions socio-économiques et enrayer le déclin démographique. Elle fut encadrée par un contrat de confiance : la gabonisation qui prévoit, un transfert de compétences, et à terme, la maîtrise et le contrôle des leviers de l’économie par les nationaux. Après une période de surchauffe économique (1974-1977) marquée par l’accélération brutale des grands chantiers, l’économie gabonaise entre en convalescence. Ce fut la fin d’un mythe et le début d’un nouveau cycle migratoire : les migrations de retour forcé. |
pp. : 199-224 | L’émigration des Camerounais en Guinée Équatoriale sous les régimes nguemistes : causes, enjeux et effets néfastes | Cassimir Tchudjing | L’adoption des mesures restrictives contre l’immigration au Gabon et dans les pays occidentaux et le boom économique de la Guinée Équatoriale à partir des années 1990 ont poussé les Camerounais à reprendre leur ancienne émigration en Guinée Équatoriale en dépit du régime autoritaire qui y règne depuis l’indépendance. L’exploration des archives diplomatiques, des publications scientifiques et des journaux permet de faire l’autopsie de cette émigration dans une approche à la fois socio-historique, fonctionnaliste et réaliste. Les émigrés camerounais en Guinée Équatoriale appartiennent à toutes les professions. Les uns ont un statut légal tandis que la majorité est constituée de clandestins. Cette émigration charrie des enjeux importants observés tant dans le pays d’accueil que dans le pays de départ, notamment leur développement socio-économique. Cependant, elle génère aussi des effets néfastes tels que les fléaux sociaux et la xénophobie en Guinée Équatoriale, les tensions entre les deux pays. Le respect et l’application des instruments internationaux sur la mobilité des personnes en Afrique centrale pourront enrayer les méfaits de cette émigration. |
pp. : 225-243 | Écrire l’histoire des grandes figures nationalistes au Cameroun à partir des sources primaires : une gageure ? | Faustin Kenné | L’historiographie camerounaise du nationalisme de l’UPC est très féconde et ses figures marquantes assez nombreuses, mais peu connues. En effet, le processus de décolonisation du Cameroun a connu l’émergence de nombreuses figures emblématiques ayant marqué le mouvement nationaliste et l’histoire politique du Cameroun d’un sceau particulier. Parmi ces figures, on peut citer Um Nyobe, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kingué. Pour reconstituer le parcours politique et nationaliste de ces personnages, le chercheur doit essentiellement faire recours aux sources d’archives et aux sources orales. Malgré leur indispensabilité, ces sources primaires posent de sérieux problèmes quant à leur disponibilité et leur accès au Cameroun. Le présent article examine les forces et les faiblesses de cette catégorie de sources à l’aune de l’écriture de l’histoire des grandes figures nationalistes au Cameroun. |
pp. : 245-267 | La CEDEAO « des peuples » près de 50 ans plus tard : un futur incertain avec la régénérescence d’instabilités | Soukèye Gueye | La CEDEAO est une organisation d’intégration créée par le Traité et a des objectifs et une vision claire. Cette organisation, depuis sa création, a connu un parcours tumultueux et demeure confrontée à des défis majeurs. En 2020 sa vision a connu une évolution substantielle : « Passer de la CEDEAO des États à la CEDEAO des Peuples ». Cependant, l’échec de la CEDEAO 50 ans plus tard peut être soulevé, vu le contexte actuel avec la perpétuité des ruptures de l’ordre constitutionnel, par les armes ou de manière sournoise par des tripatouillages de la constitution, dans beaucoup d’États membres à des intervalles assez saisissants. Mais aussi le terrorisme qui s’incruste et sape les efforts de développement des peuples, la difficulté pour l’exécutif communautaire de voir ses décisions appliquées. Une réadaptation voire une mise à jour des textes communautaires s’impose. |
pp. : 269-281 | Forces de maintien de l’ordre, méthodes de répression et controverses au Cameroun : penser les droits des civils et repenser la répression | Rose Nadine Mahoula Ndjokwe | Les dérives des forces de maintien de l’ordre (FMO) contre les civils au Cameroun avant, et après les indépendances, remettent souvent en question le rôle premier assigné à ces derniers dans l’exercice de leurs fonctions. Définie par Michel Foucault comme l’organisation et l’exercice du pouvoir dans une société structurée, la police est pour ainsi dire un ensemble d’organes et institutions de la force publique chargés d’assurer le maintien de l’ordre public, de prévenir les infractions ou de les réprimer en conformité avec les lois prescrites par l’État. Platon le souligne d’ailleurs dans son ouvrage La République « la loi sans un magistrat proposé à son observation est un corps sans âme ». Seulement, les FMO au Cameroun ne respectent pas toujours ces lois établies par le pouvoir étatique et s’érigent en bourreaux en utilisant les moyens très violents et parfois barbares pour taire certaines velléités des opposants ou même des simples civils. D’où la question de savoir si le dispositif de répression employé par les FMO au Cameroun est conforme à leur déontologie. Autrement dit, le délit posé par un civil le prive-t-il de ces droits de citoyen ? L’ancrage théorique repose sur la stratégie de Michel Foucault pour expliquer la police et ses méthodes répressives sur les civils. À partir de documents d’archives, de témoignages oraux et documents divers, la présente communication se fixe pour objectifs d’analyser les méthodes et techniques de répression irrégulières utilisées par les FMO sur les civils au Cameroun et d’apporter quelques restrictions à ces méthodes quelque peu barbares des FMO. |
pp. : 283-299 | L’implémentation de la justice militaire au Cameroun sous mandat français (1922-1945) : de l’imbroglio juridique à la violation du statut particulier du Cameroun | Jean Chrysostome Bilobé Ayissi | Au lendemain de l’occupation militaire du Cameroun durant la Première Guerre mondiale, le régime du mandat de la SDN est instauré en 1922. Celui-ci entérine le partage dudit territoire entre la France et la Grande-Bretagne. Contrairement à l’accord franco-britannique du 10 juillet 1919 qui attribuait les pleins pouvoirs d’administration et de législation à la puissance mandataire sur son territoire, le régime du mandat réitère aux puissances mandataires l’interdiction d’y créer une armée ou de bâtir des bases militaires et/ou navales. Pourtant, à travers une politique coloniale globale, la France crée une armée et implémente la justice militaire. Composante d’une armée d’un État indépendant, la justice miliaire implémentée dans ce territoire l’est sous fond d’un imbroglio juridique entretenu et voulu par la puissance mandataire, ce qui aboutit inéluctablement à la violation du statut international particulier du Cameroun français malgré les restrictions normatives édictées par l’acte du mandat. Quels sont les éléments factuels qui la justifient et comment se manifeste cette violation ? Pour mieux l’appréhender, cette étude s’appuie sur une approche hypothético-déductive et empirico-inductive, dialectique et pluridisciplinaire qui prend en compte les contenus du mandat et des textes spécifiques régissant la gestion coloniale du Cameroun français. Ensuite, elle met en évidence la violation du statut international particulier dudit territoire à travers l’implémentation de la justice militaire. Du fait du mandat, le Cameroun, à la différence des colonies, bénéficie d’un statut juridique lui conférant une protection juridique internationale, ignorée par la France qui y implémente une législation judiciaire militaire d’exception dans un contexte socio-colonial d’exception. |
pp. : 301-320 | L’Afrique contemporaine face à la montée des crises violentes. Esquisse de solutions sociopolitiques pour endiguer le phénomène | Magloire Guiala | L’Afrique contemporaine est marquée par l’exacerbation des crises violentes qui n’épargnent aucune sous-région. Les États sont exposés à une insécurité et une criminalité indescriptibles. Leurs sources de motivation sont liées au long processus de marginalisation des jeunes par des systèmes politico- administratifs inadéquats élaborés au sein de nombreux États africains. Aussi, l’enseignement hérité de la colonisation est loin de satisfaire les jeunes désœuvrés. Ainsi, l’éradication de ces crises exige l’implication des opérateurs politiques et militaires multiples. Des solutions qui reposeraient sur la création d’une force africaine d’intervention rapide sur le continent, la mise en place d’une démocratie favorable à la stabilité politique des États et l’activation d’une juridiction pénale africaine pour juger les auteurs des massacres. L’Union Africaine en particulier devrait solliciter le soutien des organismes sous- régionaux qui devraient œuvrer pour éviter des affrontements fratricides qui ensanglantent les États. Ces derniers doivent trouver des solutions internes favorables à la préservation de la paix et à l’édification de l’unité nationale dans leurs territoires. Dans ce sens, la lutte contre la marginalisation des jeunes et les réformes de l’école en Afrique permettraient l’amélioration des conditions de vie de ces derniers et les empêcheraient de prendre les armes contre leurs États. Tout un travail qui éviterait l’expansion des crises violentes en Afrique. |
pp. : 321-340 | L’action psychologique et sa contribution à la construction d’une « mémoire tiraillée » de la guerre de libération du Cameroun | Edmond François Ngagoum | L’épopée du nationalisme camerounais remonte aux premiers contacts avec les Occidentaux. Une certaine historiographie concentre le récit de l’indépendance autour de l’UPC, et pourtant le mouvement nationaliste n’en a pas la panacée. En interdisant l’UPC en 1955, l’administration coloniale se trompa dans son dessein de juguler le nationalisme déjà ancré chez les populations. Au contraire, il semble que par son assassinat, Ruben Um Nyobe a été élevé au rang de martyr pour son parti et sa mort a contribué non seulement à le radicaliser, mais la scénarisation de sa mort a servi à son parti de fonds de commerce idéologique et politique, voire publicitaire. La disparition progressive des leaders de l’UPC s’accompagnera d’une phase relativement confuse eu égard à l’historiographie. La période est marquée par la guerre de libération et la marche vers l’indépendance du pays dont le pic est atteint en 1971 par l’exécution sur la place publique à Bafoussam du dernier leader upéciste, en la personne de Ernest Ouandie. La guerre de libération du Cameroun qui avait entamé sa propagation après la mort d’Um Nyobe a été contenue dans certaines régions, mais pas dans d’autres comme la région Bamiléké où elle a été particulièrement violente. Révolutionnaire dans son essence et dans ses premières expressions, l’administration n’avait pas hésité à convoquer à travers ses alliés français et suisses des experts en matière de guerre contre-insurrectionnelle pour juguler la guerre d’indépendance du Cameroun dans ce qu’elle était fondamentalement : une guerre idéologique. C’est alors que le Réarmement Moral se déploya en pays Bamiléké pour contenir la violence et « retourner » les populations acquises aux idées de l’UPC. Dans d’autres régions, l’action psychologique fut mise en place pour « empêcher la contagion » des populations par la naissance de nouveaux fronts pro-upécistes. La guerre psychologique est une en guerre pour le déni et l’oubli. Elle ne vise pas seulement à neutraliser physiquement un adversaire. Dans sa méthodologie, elle s’attaque après le physique à la mémoire, à la culture et aux symboles. Son dessein est total, c’est pourquoi elle n’hésite pas à effacer la mémoire et/ou à la réinventer. Ainsi donc, elle s’est imposée au Cameroun avec méthode et calculs, au point d’influencer l’historiographie, faisant du champ mémoriel le véritable orphelin de la recherche sur la décolonisation du Cameroun. Le présent article se propose à travers une démarche diachronique et pluridisciplinaire, de revenir sur le rôle de l’action psychologique dans la guerre de libération du Cameroun, notamment sur son impact dans la construction d’une mémoire « tiraillée » de la guerre de libération. |
pp. : 341-367 | Échanges commerciaux et émergence d’un nouveau moyen de transport informel : le cas de l’« ébamba » dans la ville de Kyé-Ossi, au Sud-Cameroun | Michel Bertin Medjo Medjo & Tang Xiyuan | Située au carrefour de trois pays dont le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale, la ville de Kyé-Ossi a connu un dynamisme économique sans précédent grâce au commerce extraverti qui se déroule dans le marché frontalier qu’il abrite. Cette intense activité commerciale a fait de ce centre urbain une plaque tournante de la circulation des biens et des personnes entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale principalement. C’est fort de cette mobilité humaine constante et dynamique dans la ville qu’est apparu un nouveau moyen de transport essentiellement destiné au flux de marchandises en direction de la Guinée voisine. Localement connu sous l’appellation de l’ébamba, ce moyen de déplacement a vu le jour dans un contexte où le problème de transport de marchandises par automobilistes se posait avec acuité. Cet article questionne le rapport qui existe entre le dynamisme économique observé dans la ville frontière de Kyé-Ossi et le développement de l’ingénierie locale à travers la création d’un nouveau type de transport transnational de marchandises. Pour cerner cette préoccupation centrale, l’on s’est appuyé sur l’approche de la socio-histoire, soutenue par les entretiens exploratoires, semi-structurés et des observations directes. |
Caractéristiques
ISSN : 2959-3476
Périodicité : un numéro par an
Prix : 7.500 F CFA (Zone CEMAC)
Pagination : 376 pages
Vous aimerez peut-être aussi…
-
Grassfields. Revue des sciences historiques. Volume 1
8.000 FcfaDépartement d’Histoire et Archéologie (Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Dschang)
Parution : Mars 2021
-
JCHS/RSCH. Journal of the Cameroon History Society/Revue de la Société Camerounaise d’Histoire. Numéro 1
5.000 FcfaCameroon History Society/Société Camerounaise d’Histoire
Parution : décembre 2022